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Description

Fondé par la Croix-Rouge française et la Croix-Rouge du Kénya en 2023, l’Institut d’Entrepreneuriat Social pour les Femmes (Women Social Entrepreneurship Institute – WSEI) est un programme innovant soutenant les femmes entrepreneurs de la région côtière du Kénya en transition vers l’économie formelle grâce à des entreprises plus solides. 

Inspiré par les méthodologies acquise à 21, l’Accélérateur d’Innovation Sociale de la Croix-Rouge française basé à Paris, l’Institut d’Entrepreneuriat Social permet à des promotions de femmes entrepreneurs informelles de devenir des leaders économiques de leurs communautés. Au cours du premier pilote de 8 mois, une promotion de 25 femmes de Mombasa ont eu l’opportunité d’accéder à un “espace d’innovation sûr” leur permettant de renforcer leurs compétences commerciales, via une approche d’apprentissage combinant des savoirs-faires professionnels, des compétences socio-émotionnelles et l’accès à un vaste réseau de soutien. 

L’étude d’impact, réalisée par la Croix-Rouge française, révèle que le revenu moyen des femmes ayant suivi le programme à doublé à l’issue de celui-ci, tandis que 38 postes supplémentaires ont été créés au sein des entreprises détenues par les femmes.

Contexte

La région côtière de Mombasa compte six comtés différents (Lamu, Tana River, Kilifi, Mombasa, Taita Taveta and Kwale) parmi ceux dont le “produit brut du comté” est le plus bas. Bien qu’étant la deuxième plus grande ville du Kenya, avec une population avoisinant les 1,2 million de personnes, et le plus gros hub commercial d’Afrique de l’Est, le taux de chômage est élevé : près de 44% de la population jeune n’a pas d’emploi, selon l’enquête nationale sur les adolescents et les jeunes au Kenya. En conséquence, la pauvreté est très répandue : 62% de la population côtière vit sous le seuil de pauvreté et la plupart sont dépendants de l’écosystème côtier et marin pour l’emploi, les moyens de subsistance et la nutrition (Banque Mondiale, 2016). 

 

Dans le même temps, les entrepreneurs de l’économie informelle apparaissent comme une échappatoire pour beaucoup, notamment pour les femmes. Cependant, si Nairobi compte un grand nombre d’organisations de soutien aux entrepreneurs, la région côtière n’est pas aussi riche et a tendance à se concentrer sur le développement des compétences professionnelles au lieu d’aider les entrepreneurs informels ou “de survie” à maintenir leurs emplois et à en créer de nouveaux et ainsi stimuler l’économie de la région côtière. 

Lancé en janvier 2023, grâce à l’appui du Ministère Français de l’Europe et des Affaires étrangères, l’Institut d’Entrepreneuriat Social pour les Femmes a été mis en œuvre par l’équipe d’innovation internationale de la Croix-Rouge Française, l’équipe Innovation de la Société de la Croix-Rouge du Kenya et alimenté par 21, l’accélérateur d’innovation sociale de la Croix-Rouge Française, dans les laboratoires d’innovation IOME.254 de la Croix-Rouge du Kenya. 

Son objectif principal est de soutenir les cohortes de 25 femmes entrepreneures informelles de Mombasa dans leur transition de l’entrepreneuriat informel, de “survie” vers le plein statut de chef d’entreprise au sein de leur communauté. Sa vision à long terme est de maintenir et de créer de nouveaux emplois, de renforcer et d’étendre les entreprises des femmes, de les rendre autonomes et de renforcer la résilience de ces femmes et de leurs communautés. Il est important de mentionner que le programme est mis en œuvre dans un contexte dans lequel la participation des femmes aux activités économiques est acceptée au niveau des ménages et des communautés.

Détails opérationnels & techniques

L’institut d’Entrepreneuriat Social pour les Femmes s’appuie sur une forte composante sociale et de renforcement des capacités, qui repose sur les axes suivants : 

 

  • Une sélection de 25 femmes entrepreneurs

L’Institut vise à cibler une population de femmes entrepreneurs qui sont généralement en dehors du radar des programmes traditionnels de soutien à l’entrepreneuriat, y compris les femmes issues des communautés les plus défavorisées (50% des participantes au programme n’avaient jamais participé à une formation à l’entrepreneuriat avant janvier 2023). Une partie importante de ces femmes, 11 au total, sont des femmes célibataires, devenues mères jeunes, souvent en raison de circonstances qui les ont menées à s’occuper seuls de leurs enfants, car leurs pères, souvent absents, ont laissé les femmes assumer toutes les responsabilités parentales et financières. 

 

  • Un apprentissage expérimental sur mesure

Au cours de ces huit mois, des formations hebdomadaires ont été organisées au sein de la section de Mombasa de la Croix-Rouge Kényane, au laboratoire d’innovation de la Croix-Rouge Kényane. Celles-ci ont porté sur un mélange de compétences techniques (tenue de livres de comptes, informatique, préparation à l’investissement, création de business plan, mesure de l’impact…) et de compétences non-techniques (leadership, communication, prise de décision). Ces formations ont rassemblé divers experts de l’écosystème de l’innovation de Mombasa, Nairobi et Paris qui ont adapté le contenu des formations aux besoins et vulnerabilités des participants. 

 

  • Un “espace d’innovation sûr” équipé d’un Fab Lab 

Au-delà des formations hebdomadaires organisées tous les mardis, les femmes entrepreneurs ont pu venir travailler dans l’un des deux espaces sécurisés suivants, en ayant accès à du matériel (ordinateurs, imprimantes, machines pour construire des prototypes de leurs idées de produits…) et à une connexion internet : 

  • L’antenne de la Croix-Rouge Kenyane à Mombasa
  • IOME001, le Laboratoire D’Innovation de la Croix-Rouge Kényane, situé à proximité de l’Ecole primaire pour jeunes filles de Mbaraki) et équipé d’un Fab Lab

 

Ces espaces ont permis aux femmes entrepreneurs de développer, tester et apprendre de nouvelles méthodologies d’innovation. En outre, un parcours de coaching a permis à chaque femme d’être soutenue individuellement par un coach pendant huit mois. Cet aspect a été renforcé par le fait que le programme était réservé exclusivement aux femmes, qui se sentaient en mesure d’échanger, en toute sécurité, sur leurs difficultés professionnelles ou personnelles. 

  • Une femme, une communauté

Le programme contribue à renforcer les capacités des entrepreneurs en tant que femmes, mais aussi en tant que leaders de leur communauté, déclenchant un effet vertueux et de ruissellement.

 

Cohorte
1ère promotion de femmes entrepreneures accompagnées

Déploiement & Impact

  • Formalisation de leurs entreprises

À la fin du programme, toutes les entreprises sont correctement et administrativement enregistrées et 80% d’entre elles sont en règle sur le plan fiscal. En outre, alors que près de la moitié des femmes avaient moins de 20 clients mensuels en moyenne, 65% d’entre elles sont désormais entre 20 et 50 clients. 85% des personnes interrogées ont indiqué que l’Institut d’Entrepreneuriat Social pour les Femmes leur ont permis de développer de nouveaux canaux de vente (réseaux sociaux, marchés…)

  • Augmentation des revenus 

L’impact du programme sur les revenus des participants est évident : le revenu moyen a doublé, passant de 69k KES au début du programme à 141k KES en moyenne à la fin du programme

  • Augmentation des bénéfices

L’impact du programme sur la rentabilité des participants est donc frappant, surtout si l’on considère que 16% d’entre eux n’étaient pas rentables avant de rejoindre le programme et que seuls 52% en vivaient, contre 80% à la fin du programme : le bénéfice moyen est passé de 26,5k KES au début du programme à un impressionnant 66,5k à la fin de celui-ci. 

  • Développement de la confiance en soi et de la sensibilisation de la communauté

À la fin du programme, la “peur de l’échec” est passée de 63% à 40%. Remplies d’une confiance retrouvée, ces femmes ont atteint près de 300 individus, principalement des femmes, leur permettant de partager leurs connaissances en matière de gestion d’entreprise, de compétences pratiques dans différents domaines : boulangerie, nettoyage, couture et numérique. 

Leurs contributions vont au-delà du coaching individuel, car elles sont également devenues des conférencières inspirantes, dans de nombreux contextes (35% d’entre elles considèrent les groupes de femmes comme faisans partie de leur réseau de soutien), qu’il s’agisse de lieux religieux, de groupes d’épargne (sortes de coopératives et de partage de capitaux appelés chammas ou saccos) d’écoles ou de rassemblements communautaires. L’impact positif de leur autonomisation se répercute sur la vie de nombreuses personnes. En moyenne, une femme a soutenu et renforcé 14 autres entrepreneurs. 

  • Alphabétisation numérique 

L’accès hebdomadaire aux ordinateurs portables, à internet et à l’aide individuelle venant de bénévoles de la Croix-Rouge a permis aux entrepreneurs d’accroitre leurs compétences numériques. En effet, la plupart des méthodologies et des modèles fournis requièrent l’utilisation d’un ordinateur, ce qui les a menés à maîtriser les mails, Excel, PowerPoint, Canvas et Word. Maintenant, 80% des entrepreneurs sont à l’aise avec l’utilisation des cahiers de comptabilité numérique conçus pour eux (disponibles sur Excel et Google Sheet).